wiglette





La répétition, la minutie sont des caractéristiques propres au travail de Noémie Doge. Elle exploite le médium du dessin avec une profondeur et une richesse de textures, traduisant du grain, de la rugosité, mais aussi de la finesse et de la légèreté. Elle donne de l’épaisseur au geste en allant chercher les limites de la matière. Cette pratique lui permet de déployer un potentiel narratif en brouillant les codes du médium. L’artiste nous emmène quelque part, dans son univers propre, parfois incongru, qui interroge notre perception des choses et du monde. Wiglette est un triptyque très graphique et lisible de prime abord, dont le titre fait référence au collage et pâte à modeler d’Ellen Galagher. À partir d’images existantes qu’elle projette (produites par elle-même ou par d’autres), Noémie Doge procède à un jeu de collage en mélangeant des motifs et des moments de vie. Elle compose avec ces fragments de réalités pour décloisonner des symboles ou différentes temporalités, désormais réunis dans un seul agencement. Passés sous l’œil de l’artiste, ils déploient des histoires entre souvenirs, fantasmes et métaphores. Elle travaille en formant des couches superposées et des contrastes, qui vont diriger le regard vers des formes nouvelles. Elle met à profit ce processus ici pour aborder la thématique du genre et de la féminité, de sa construction à partir de la capillarité. La chevelure devient le point de départ, qu’elle associe à une pluralité de représentations dans ses trois compositions. Les liens visuels, mais aussi symboliques qu’elle met en scène au sein de ses images invitent à se réapproprier ces codes pour y trouver une forme d’émancipation et de pouvoir.

Julie Lang, 2020
texte pour le catalogue Des seins à dessein 2020


photos © Spitzhornstudio